Envoyés par Apple avec deux autres collègues au festival de la BD d’Angoulême, fin janvier 87, nous y avons tenu une chronique journalière, avec les moyens du bord (trois Macintosh plus, un scanner et deux imprimantes LaserWriter Apple). On était en plein boom de la PAO (Publication Assistée par Ordinateur) ou Desktop Publishing, concept lancé par Apple pour montrer l’intérêt du Mac et de l’impression Laser. L’idée était de produire un journal quotidien, pour le diffuser gratuitement le matin suivant, sur le stand Apple.
Nous passions nos journées à interviewer des auteurs, à demander aux dessinateurs des illustrations pour le journal, à récolter les informations chez les éditeurs, et à écrire des articles et des brèves pour Little Bit Map, petit 4 pages, format A4, réalisé chaque jour, et imprimé chaque nuit. Performance pour l’époque, piece of cake aujourd’hui. On s’est bien amusé, il y avait Manuela Gonzales, du Club Apple, et Yves Lellouche (récemment décédé), autre fou de BD, qui travaillait à la Communication.
J’ai ainsi écrit quelques articles sur mes auteurs préférés, comme par exemple Geof Darrow, dont l’album Bourbon Thret venait de sortir, ou encore le douzième album de Jérémiah, par Hermann (on en est aujourd’hui au n° 32…), sans oublier Giraud, avec « Le bout de la piste » du lieutenant Blueberry. J’ai aussi eu le grand plaisir de discuter avec Gilbert Shelton, le père des fabuleux Freaks Brothers, qui m’a dessiné un chat magnifique. J’avais déjà à cette époque une belle collection de BD, et j’étais ravi de pouvoir conjuguer travail et loisir.
La plupart des dessinateurs n’aimaient pas trop l’informatique. Nous avions demandé à quelques uns d’essayer de dessiner en se servant d’une tablette graphique Wacom, que nous avions apporté avec nous. Le résultat n’était pas excellent, loin s’en faut. (Ci-dessous, à gauche, un essai infographique, et sa comparaison, de Jacques Ferrandez, et ses « Carnets d’Orient).
Je me rappelle cependant que Solé (cofondateur de Fluide Glacial, et du héros 100% français Superdupont) s’amusait beaucoup avec le Mac, et utilisait toutes les possibilités de l’époque, avec maestria. Il était très à l’aise avec la tablette graphique et les outils de MacPaint. On le voit dans les détails d’utilisation de la brosse et des textures, dans le dessin qui suit.
N’oublions pas que la définition de l’écran du Mac Plus (9 pouces) était de 512*342 pixels… en noir et blanc uniquement, bien sûr : Le Mac II, dit « Open-Mac », qui apportait la couleur, est sorti deux mois après le festival.
Une réponse sur « Angoulême »
[…] créateurs états-uniens, comme Ronald Crumb (qui vit maintenant dans le midi de la France) ou Gilbert Shelton, le père des Freaks Brothers et du chat de Fat Freddy, ou encore Richard Corben, dans le genre […]