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On voudrait revivre

J’adore le hasard, et l’étrangeté des coïncidences qui parfois font découvrir de nouvelles choses. Pas plus tard qu’avant-hier, nous avons eu la chance d’assister à un spectacle étonnant. Mais je dois d’abord revenir sur les circonstances.

Cela fait maintenant deux ans qu’on chante dans une petite chorale, dans une structure associative de type  MJC (sigle du siècle précédent, pour Maison des Jeunes et de la Culture). Au répertoire, de la variété française, et quelques gospels, pour pouvoir chanter dans les églises. À la rentrée, notre chef de chœur nous a suggéré de participer à un week-end chantant, organisé à Reims par un de ses collègues.

On s’est donc inscrit, pour aller chanter avec une centaine d’autres choristes, et préparer six chansons en français (de Guy Béart à Serge Lama, en passant par Charles Trénet, sans oublier  le Québec avec Beau Dommage). Et le samedi soir, après le dîner, on s’est dit qu’on allait visiter Reims. La cathédrale était à dix minutes de marche du centre de séjour où nous résidions.

Mais en sortant du centre, il y avait à gauche un stade de foot, avec un match bruyant, et à droite un théâtre, où des gens commençaient à entrer. On est allé voir le théâtre. Il restait des places, on en a pris, sans trop savoir à quoi on allait assister. Et on a été ravis.

Sur scène, deux acteurs, Léopoldine Hummel, et Maxime Kerzanet. Quand je dis acteurs, je devrais dire acteurs-chanteurs-musiciens. Un décor composé d’éléments de studio d’enregistrement, d’instruments de musique, et d’un grand rideau blanc semi-transparent. Et un spectacle superbe, autour des textes et chansons de Gérard Manset.

 

Gérard Manset, je l’ai découvert en 1968, avec Animal on est mal, dont j’ai gardé longtemps le 45 tours vinyl. J’avais ensuite acheté le 33 tours La mort d’Orion, que j’écoutais en boucle (pendant mes épisodes dépressifs), au début des années 70. Il  fait partie des artistes particuliers, voire mystérieux, de la scène française, n’ayant jamais fait de concert, mais ayant inspiré à son étrange manière de nombreux autres artistes.

Ce que j’ai vu à Reims, dans ce spectacle, est un hommage, inventé et  interprété par deux jeunes prometteurs. Le titre ? On voudrait revivre. Tout un programme !

Hier, en traversant la rue,
Je me suis reconnu
Tête nue,
Méconnu.
J’ai changé de trottoir avec dix ans de plus.

Je me suis rattrapé
Quelques instants plus tard.
C’est bizarre.
Je suis passé devant moi sans me voir.

(Le paradis terrestre, 1970)