J’ai commencé à écouter la musique des Residents un peu par hasard, à l’époque où je travaillais en milieu psychiatrique comme « résident » des appartements thérapeutiques à Créteil (j’ai raconté cette expérience dans un article précédent, ici pour ceux que ça intéresse). J’ai donc acheté un 33 tours de ce groupe, et c’était très surprenant. Rien de connu, un côté un peu mystérieux -on ne savait pas qui étaient ces musiciens- et une musique plutôt dérangeante. The third Reich Rock’n Roll est un pot-pourri (dans tous les sens du terme) de standards du rock des années 60.
Il faisaient des concerts, toujours masqués, et ont commencé à être connus, surtout aux états-unis, et à San Francisco, leur lieu d’origine. C’est ce qu’on appelait de la musique underground. D’ailleurs, leur premier succès a été la trilogie The Mole, la Taupe, rapidement suivie de The Big Bubble, Part Four of the Mole Trilogy. Parallèlement, je faisais des spectacles de marionnettes, pour des écoles ou des fêtes d’enfants, et nous avions mis en scène des contes, assez classiques, tel que l’histoire d’un pauvre paysan qui trouve un lutin dans la forêt, et obtient trois vœux, qui vont devenir un cauchemar, et le contraire de ce qu’il souhaitait avec sa femme. C’était raconté en théâtre d’ombres, le personnage du lutin était un lapin qui devenait lutin quand on le retournait (le principe des dessus-dessous, dont j’ai également parlé ici). En marionnette d’ombre, ça fonctionnait très bien.
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Je cherchais une musique pour ces spectacles, et j’ai assez rapidement trouvé chez les Residents une illustration sonore de nos représentations. Plusieurs morceaux de The Tune of Two Cities se prêtaient parfaitement à ce que nous voulions exprimer. Et en plus, il y avait une marionnette sur la pochette du disque. J’ai gardé les vinyls, il paraît qu’ils sont maintenant introuvables.
Un autre disque, The Residents Commercial Album, était composé d’une quarantaine de morceaux d’une minute. L’idée était que tout morceau de pop music est une suite de couplets entrecoupés de refrains. Si on enlève le côté répétitif, il reste une minute pour un couplet et un refrain, et ça suffit. En plus ça donne un clip de pub idéal. Les portraits sur la pochette, c’est Travolta et Streisand. Ne me demandez pas pourquoi.
https://youtu.be/MdSlFl5H76A
Un peu plus tard, dans les années 90, je m’occupais du multimédia chez Apple, et j’ai été immédiatement séduit par leurs CD-Roms Gingerbread Man et Freaks Show, qui alliaient leur musique à de la vidéo numérique -merci QuickTime et Director- et à des effets très novateurs. On peut détester, mais c’était toujours surprenant, et parfois très drôle. J’ai toujours les CD’s dans ma Cédéthèque, malheureusement ça n’a pas suivi le passage à Mac OS X. Heureusement on retrouve le contenu, et la musique, sur Youtube.
(cliquez sur l’image ci-dessous)(et mettez en plein écran, ça vaut le coup d’oeil)
Je viens de voir un album de BD qui parle entre autres des Residents, et de quelques figures pittoresques de la musique du XXème siècle – avec Nico, dont j’ai parlé récemment. Ça s’appelle Face B, et c’est édité à la Revue Dessinée. Disponible depuis novembre 2015 dans toutes les bonnes librairies !