C’est un travail qui avait été proposé à Catherine par une amie commune, mais c’est moi qui me suis présenté à l’hôpital de jour de Créteil, pour un poste de moniteur-éducateur en milieu psychiatrique. À cette époque, dans les années 80, sortir les gens pas trop fous de l’hôpital psychiatrique était devenu une évidente nécessité, leur enfermement étant souvent aggravant. Je me suis donc retrouvé dans une équipe de quatre personnes, Sylvie, Lucille, remplacée ensuite par Nicole, Olivier et moi. Notre rôle était d’aider, à tour de rôle, deux groupes de trois psychotiques adultes, placés dans deux appartements, un F5 et un F4. Le travail commençait à 17h, et nous repartions le lendemain à 9h. Le week-end, nous passions les deux jours avec eux, toujours à tour de rôle, et nous avions un temps en commun à deux éducateurs lors de la transition, ce qui permettait de se relayer. Nous participions également à une réunion hebdomadaire avec l’équipe de l’hôpital de jour, médecins, ergothérapeutes, infirmiers et travailleurs sociaux.
Dès le départ, une ambiguïté : nous étions appelés les « résidents », alors que nous étions seulement de passage. On aurait pu parler des malades comme « résidants », ce qui me fait penser à la blague sur la différence entre les internes et les internés… L’âge des personnes était variable, le plus jeune devait avoir une vingtaine d’années, la plus âgée la cinquantaine. Au départ, les appartements étaient mixtes, nous avions une chambre « résidents » dans le F5, celui-ci était donc plus investi, même si plusieurs activités, comme les courses ou les sorties, étaient communes. Nous les aidions à tenir un budget, et à organiser leur quotidien. Il y avait des moments parfois difficiles, des tensions aussi entre les résidents, mais je garde de bons souvenirs de certaines personnes arrivées très malades, qui bénéficiaient de cette situation, et redevenaient autonomes petit à petit. Cela m’a donné aussi un autre regard sur la folie.
Le temps de travail étant l’inverse total d’un travail habituel, cela me plaisait car je pouvais ainsi continuer mes autres activités dans la journée, ou bien m’occuper plus facilement des enfants, aller les chercher à la crèche ou à l’école, bref je m’absentais une nuit sur quatre et un week-end par mois. Les dessins ci-dessous ont été publiés en 1981 dans la revue Transitions (Innovation psychiatrique et sociale), et expliquent assez bien ce que je faisais là-bas.
Une réponse sur « Les appartements thérapeutiques »
C’est vraiment bien Brieuc! Tu en as d’autre (BD) dans tes placards, ou en projet? Bise, Claire