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Cinéma

Roger Corman

Cinéaste et producteur prolixe de films de série B aux États-Unis, Roger Corman a eu 90 ans cette année. Auteur de nombreux navets vite et mal faits, filmés en peu de temps et avec peu de moyens, il est surtout reconnu pour la réalisation un peu plus soignée de sept histoires inspirées des contes d’Edgar Poe, tournées en CinémaScope et en couleur au début des années 1960, avec pour acteur vedette Vincent Price, devenu comédien fétiche du cinéma fantastique après cette série de films.fallusher roger corman

Les nouvelles d’Edgar Allan Poe qui ont servi de prétexte à ces histoires macabres, ont été complètement transformées par les scénaristes, dont Richard Matheson, auteur de science-fiction –Je suis une légende ou L’homme qui rétrécit– et de littérature fantastique (c’est lui qui a écrit -entre autres- le scénario de Duel, un des premiers longs-métrages de Spielberg, qui raconte le combat sur une route californienne, entre un représentant de commerce et un camionneur, que l’on ne voit jamais). Là, il utilise la trame des histoires de Poe, prétexte littéraire, et les transforme totalement en leur ajoutant ses propres fantasmes, pervers, morbides, incestueux, bref le rêve pour le teen-ager américain moyen des sixties.puitpendule roger corman

La première adaptation est La chute de la Maison Usher, histoire d’une malédiction familiale, tournée en décor studio, avec quatre acteurs et quelques effets de flous et de fumées colorées. Une relative réussite, qui l’encourage à continuer avec La chambre des tortures, inspirée de  la nouvelle Le puits et le pendule, superbe récit tiré des Nouvelles Histoires Extraordinaires de Poe, par ailleurs merveilleusement traduites par Baudelaire, ce qui a largement contribué au succès de ces publications en France. Le troisième volet de ce cycle est L’enterré vivant, qui commence par l’ouverture d’un cercueil dans un cimetière, en pleine nuit. On est dans le style gothique à fond, avec château sinistre, caveau de famille, malédiction ancestrale, angoisse existentielle.prematureburial roger corman

 L’empire de la terreur est la transposition de trois courtes histoires, toujours aussi lugubres, avec un alcoolique hanté par le fantôme de sa femme qu’il croit voir dans sa fille Morella, avec un mari jaloux et assassin dénoncé par Le chat noir, et avec un vieillard adepte du spiritisme essayant d’éviter la mort, L’étrange cas de M. Valdemar (Je me demandais d’où venait le nom que l’on ne doit pas prononcer dans Harry Potter…). En dehors de Vincent Price, qui joue tous les premiers rôles, on aperçoit d’autres acteurs célèbres, comme Basil Rathbone (le Sherlock Holmes des films des années 40) ou Peter Lorre (le tueur d’enfants de M le maudit).comedyterrors roger corman

Dans un registre plus drôle, l’adaptation par Roger Corman du célèbre poème d’Edgar Poe Le corbeau, donne l’occasion aux acteurs -Vincent Price, toujours, accompagné de Peter Lorre et de Boris Karloff (le monstre de Frankenstein) de jouer la comédie, et de se parodier eux-mêmes. Jubilatoire. Et au générique, Jack Nicholson, un de ses premiers rôles.raven roger corman

Des deux derniers de cette série, filmés la même année en Angleterre, mon préféré est Le Masque de la Mort Rouge, sinistre en diable, excessif dans les couleurs, effrayant et inquiétant. J’aime bien l’affiche ci-dessous, avec la figure de Vincent Price traitée à la façon Arcimboldo. La tombe de Ligeia clôt le cycle avec à nouveau une histoire de fatalité et de malédiction, un chat noir terrifiant, et des personnages hallucinés.masquemortrouge roger corman

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