Hergé est connu surtout pour Tintin, et dans une moindre mesure pour Quick et Flupke, aventures de deux gamins bruxellois, dessinées principalement entre 1930 et 1935. Je me rappelle que tous les albums de Tintin mentionnaient également en quatrième de couverture Popol et Virginie au pays des Lapinos, qui n’est pas vraiment une réussite. On peut aussi trouver trace des tous débuts d’Hergé, avec Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet, scénario (qui n’est pas d’Hergé) bâclé où l’on peut reconnaitre le colonialisme, pour ne pas dire le racisme premier degré de Tintin au Congo.
Mais j’ai une affection particulière pour Jo et Zette, les enfants de monsieur et madame Legrand. Et pour ne rien vous cacher, c’est madame Legrand, personnage tout à fait secondaire, qui m’attire particulièrement. Elle n’est présente que pour s’inquiéter, avec en général un mouchoir à la main. Archétype de la mère de famille, version 1930, femme au foyer, bonne ménagère, discrète, suivant son mari sans se poser de question, et toujours terrifiée par ce qui arrive -ou pourrait arriver- à son époux ou à ses enfants.
Les personnages féminins chez Hergé, outre leur rareté, ont les mêmes caractéristiques : mise à part la Castafiore, caricature très réussie, elles sont affolées, larmoyantes, et promptes à l’évanouissement. Au passage, on peut comparer ci-dessous les deux versions de Coke en Stock, le terme initialement employé par le capitaine dans la première édition Fatima de prisunic, ayant été critiqué, et jugé xénophobe. Je ne vois pas vraiment la différence… C’est plutôt l’emploi d’un nom de marque qui pourrait poser problème.
On a beau dire, tout cela véhicule une image de la femme assez rétrograde (j’écris ceci le 8 mars, journée internationale des droits des femmes…), et même si j’admire son travail, je trouve qu’Hergé est resté très conservateur, pour ne pas dire réactionnaire, sur de nombreux points. Du scoutisme, il a gardé les bons côtés pour les représentations de ses personnages (camaraderie, esprit chevaleresque, aventure). Et après avoir été influencé par la religion catholique, très présente dans les mouvements de jeunesse -ancien scout moi-même, je peux en témoigner-, il a heureusement opté pour le côté laïque de l’esprit scout, ce qui a donné un aspect universel à ses créations.© Hergé/Moulinsart