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Voyager

Voyager est un verbe qui peut donner envie, ou faire rêver, mais pour moi c’est aussi une compagnie américaine qui a été à l’origine de splendides découvertes. Créée en 1984, comme le Macintosh, elle a commencé son activité en distribuant des films sur Laserdisc, support vidéo bien meilleur que le VHS, aujourd’hui disparu. Le format était des disques vinyl, taille 33 tours, mais plus denses et donc plus lourds. Elle proposait un catalogue de grande qualité, The Criterion Collection, avec des films comme 12 Angry Men de Sydney Lumet, ou Z de Costa-Gavras, en passant par Citizen Kane d’Orson Wells ou les 7 Samurai de Kurosawa. Puis, au plus fort des années multimédia et cédéroms, elle a inventé le concept de livres étendus (Expanded Books), et produit de nombreux titres innovants dans leur forme et dans leur contenu, dont certains illustraient la technologie naissante de la vidéo numérique, avec QuickTime.

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Je me rappelle avoir rencontré Bob Stein, l’un des fondateurs de Voyager, sans doute dans les réunions développeurs Apple, appelées WWDC, World Wide Developer Conferences, qui se tenaient chaque année, d’abord à San José, au sud de la Silicon Valley, puis à San Francisco, au Moscone Center. Le principe des Expanded Books était l’ajout de commentaires, de compléments, d’annotations, à une œuvre littéraire ou cinématographique. La navigation était interactive, via HyperCard, véritable pionnier de ce qu’on trouve aujourd’hui normal, pour ne pas dire banal, sur Internet : des liens entre les médias, un accès simple aux contenus, une interface pensée pour l’utilisateur.

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Les premiers Expanded Books -sur supports disquettes 3,5″ (trois pouces et demi) – étaient donc développés avec HyperCard, et son langage HyperTalk, environnement de développement génial, malheureusement abandonné par Apple au moment des années difficiles – avant le retour de Steve Jobs, et la création de l’iPhone et de l’iPad. À l’époque, l’inconvénient majeur d’HyperCard était qu’il n’avait pas d’équivalent sur PC, et donc qu’il fallait re-développer tout de A à Z pour servir le marché dominant, sous Windows. Plus tard, HyperCard étant peu soutenu par Apple, les développeurs ont utilisé Director, de Macromedia, qui avait l’avantage d’être multi-plateforme.

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Pour le support, on est passé rapidement de la disquette au CD-ROM (cédérom), qui permettait de stocker plus de contenu : par exemple Hard Day’s Night, le film des Beatles, découpé, annoté et commenté, tenait largement sur les 650 Mo autorisés par la technologie du Compact Disc. Revoir le film est intéressant, pas pour le scénario, assez pauvre, mais pour les chansons des Beatles, et l’ambiance des années soixante.

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De nombreux titres ont été mis au catalogue, tels que Comic Book Confidential, présentation d’auteurs de BD, surtout américains, ou  Puppet Motel de Laurie Anderson, artiste inclassable (on dit aussi d’avant-garde) que j’apprécie toujours autant. En dehors d’avoir fait la musique de plusieurs films de Wim Wenders, elle a travaillé avec beaucoup de monde, de Lou Reed, qu’elle a épousé, à Phil Glass, Brian Eno, en passant par Jean-Michel Jarre. Je vous conseille son disque  Strange Angelspour vous faire une idée. Le CD de Puppet Motel a été adapté (et non pas traduit : on a heureusement échappé au Motel des Marionnettes…) par Gallimard, pour la version distribuée en France. Mais pour pouvoir revoir ces titres, il faut un vieux Mac, avec un système antédeuxmilluvien, ou un vieux PC, et la résolution d’écran, 640*480 pixels, passe mal aujourd’hui sur nos grands écrans.

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