Un effet pervers de l’utilisation des lecteurs mp3 par les jeunes générations, est dû au fait qu’ils s’en servent lors des déplacements en voiture. L’avantage pour le ou la conductrice, est le calme relatif que cela procure. L’inconvénient est la disparition probable de la transmission d’un patrimoine important : la chanson traditionnelle.
Je crois avoir appris la plupart des chansons dites « françaises », comme Auprès de ma blonde, Chevaliers de la table ronde, En passant par la Lorraine, V’la l’bon vent, sans oublier La complainte de Mandrin, lors des voyages en voiture que nous faisions pendant les vacances. Mon père conduisait, ma mère nous faisait chanter, lorsque l’énervement gagnait les sièges arrières. J’aimais beaucoup ces refrains (il y a longtemps que je les aime, jamais je ne les oublierai…).
À la claire fontaine,
M’en allant promener,
J’ai trouvé l’eau si claire,
Que je m’y suis baignée.
Il y a longtemps que je t’aime,
Jamais je ne t’oublierai.
Sous les feuilles d’un chêne
Je me suis fait sécher,
Sur la plus haute branche
Un rossignol chantait.
Chante, rossignol, chante,
Toi qui as le coeur gai,
Tu as le coeur à rire
Moi je l’ai à pleurer !
C’est pour mon ami Pierre,
Qui ne veut plus m’aimer,
Pour un bouquet de roses
Que je lui refusai.
Je voudrais que la rose
Fut encore au rosier
Et que mon ami Pierre
Fut encore à m’aimer.
Comme nous étions quatre enfants, ma mère nous faisait chanter en canon : Le carillonneur, qui avait pour nom maudissoitu, les frères Jacques, qui sonnaient les matines, le vent frais, vent du matin, qui souffle au sommet des grands pins, et la cloche du vieux manoir, qui sonne le retour du soir.
On apprenait aussi des chansons parfois plus grivoises, ou plus récentes : mes enfants ont ainsi découvert grâce à leur grand-mère la parodie des Prisons de Nantes, qui racontait l’histoire du prisonnier qui ne voyait personne, sauf la fille du geôlier, un jour il lui demande la clé des cabinets, quand il fut sur le trône, il n’avait pas d’papier, en attendant qu’ça sèche, il se mit à chanter, « j’emm… les gendarmes, et la maréchaussée », etc.
Je connais par cœur Un général à vendre, paroles de Francis Blanche, interprétée par les Frères Jacques, et je la chanterai encore en voyage, tant que mes petits enfants n’auront pas d’écouteurs enfoncés dans les oreilles… Cela permet d’apprendre l’Histoire, la vraie :
Il nous parlait des Dardanelles
Quand il n’était que Colonel
Et de la campagne d’Orient
Quand il n’était que Commandant
L’épopée napoléonienne
Quand il n’était que Capitaine
Et puis la Guerre de Cent Ans
Quand il n’était que Lieutenant
Les Croisades et Pépin le Bref
Quand il n’était que Sergent-Chef
Et les éléphants d’Annibal
Quand il n’était que Caporal
Les Thermopyles, Léonidas
Quand il n’était que deuxième classe
Et Ramsès II, la première guerre
Quand sa mère était cantinière…