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Le Manteau

Le voyage en mer est le titre du premier spectacle du théâtre de marionnettes de Björn Fühler auquel j’ai assisté, et je me rappelle avoir été transporté, dans tous les sens du terme. Le théâtre « Le Manteau » était composée de deux personnes, Björn, et sa « petite femme », Christiane. Ils venaient de remporter un grand succès au festival de marionnettes de Charleville-Mézières, et faisaient une tournée en passant par la région parisienne.

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Le dispositif scénique était extraordinaire : son castelet était un grand personnage, le Grand Sot, manteau surmonté d’une énorme tête. Des marionnettes sortaient de ses poches, et discutaient avec lui, sur la vie, les rêves de voyages. Il finit par partir, le manteau se transforme en bateau, il lui arrive plein d’aventures, et il revient transformé.

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Björn est d’origine allemande, installé dans l’est de la France, et peintre avant tout. Après ce voyage en mer, j’ai vu son spectacle le plus inventif, le Cirque, où un directeur de cirque dépressif reprend courage, aidé par Alphonse, son bras droit, et refait un spectacle avec lions (les pieds de Björn), équilibristes (ses mains), et même un éléphant, sans oublier le microbe de la bêtise, qui heureusement reste en cage.

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J’ai eu le grand plaisir de suivre un atelier de fabrication de marionnettes qu’il animait, et pendant ce stage,  j’ai créé un personnage, Nicolas, qui est toujours là. La marionnette est inspirée de la technique du Bunraku, poupée japonaise manipulée à vue par deux ou trois marionnettistes. Elle mesure un mètre de haut, et se tient par la colonne vertébrale (manche à balai tenant la tête).

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Nicolas m’a servi pour quelques spectacles du théâtre Brioché (devenu théâtre Àêtre) que nous avons ensuite montés et joué dans des écoles ou des crèches. La tête et les mains sont en « Plastemper », sorte de carton mou que l’on trempait dans l’acétone, qui durcissait rapidement et devenait très solide. Aujourd’hui ce matériau est différent, et on doit utiliser un autre solvant. Appliqué sur une forme en terre, que l’on casse ensuite, cela donne un matériau léger et facile à peindre.

Plus tard, je me suis inspiré des équilibristes du Cirque pour un événement chez Apple, où tous les employés volontaires préparaient un numéro (trapèze, monocycle, clowns, etc.). Je me rappelle avoir été beaucoup applaudi, grâce à Björn…

À propos d’équilibre, Björn cherchait le sien dans le bouddhisme tibétain, auprès d’un maître bouddhiste installé dans un monastère en Suisse. Je ne sais pas s’il l’a trouvé, mais je sais que ses marionnettes sont maintenant au musée de la Régence, à Ensisheim, près de Mulhouse, et que cela mérite le détour.

Bibliographie : Théâtre « Le Manteau », Marionnettes et peinture, de Björn et Christiane Fühler, Jérôme Do Bentzinger Éditeur, 1994, et « Le Cirque », texte bilingue de la pièce, impression privée 1976.