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Les sondeurs d’abîmes

Les sondeurs d’abîmes est le titre d’un roman de fiction écrit en 1911, racontant la découverte par un petit groupe d’aventuriers anglais, savants et militaires, d’une ville sainte Tibétaine (la vraie Lhassa) cachée dans les profondeurs d’une immense caverne de l’Himalaya. C’est de la même veine que les Voyages Extraordinaires de Jules Verne, genre Île Mystérieuse, avec les gentils européens confrontés aux dangers des explorations en territoire hostile et aux méchants asiates cruels et fanatiques. L’auteur est Maurice Champagne, qui a eu quelques succès dans ce genre de littérature pour adolescents.

les sondeurs d'abimes

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J’ai lu les sondeurs d’abîmes vers treize ou quatorze ans, et je me souviens très bien que les dessins qui en agrémentaient les pages me faisaient rêver. J’ai découvert plus tard que l’auteur de ces illustrations, René Giffey, avait créé de nombreuses bandes dessinées pendant tout le début du vingtième siècle. Il a inventé de nombreux personnages pour la jeunesse, et contribué à de nombreuses revues et journaux. Il est devenu célèbre pour deux productions à priori antagonistes : l’une concerne la littérature enfantine, avec L’espiègle Lili, dans le magazine Fillette, dont il a repris la réalisation commencée par André Vallet en 1909, et qu’il a continuée de 1921 à 1936 avec le scénariste Jo Valle.

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Son autre activité, dans la même période de l’entre-deux guerres, concernait des illustrations plus coquines, pour des revues et des livres érotiques, voire sadomasochistes. Son style, pour les personnages féminins, est très reconnaissable. Des jeunes femmes ravissantes, modernes dans le sens que l’on pouvait donner à cette époque, dans les années trente, et joignant le futile à l’agréable.

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Cet aspect de son œuvre n’avait aucune ambiguité, car il signait tous ses dessins de son nom, alors que d’autres prenaient des pseudonymes pour publier leurs images licencieuses ou salaces. Pour lui, cela semble être tout simplement une autre facette, adulte, de l’espiègle Lili… Un numéro hors-série de l’Écho des Savanes a publié quelques uns de ces dessins, dans les années 1980. On peut noter une certaine attirance qu’il a gardée pour l’Asie, à voir les personnages enturbannés de ces illustrations.

Après la seconde guerre,  il a continué sans relâche, et dessiné des centaines de pages des aventures de Buffalo-Bill, entre autres. Je lisais ces revues un peu en cachette, ce genre (le Western en bande dessinée !) étant très mal considéré par les adultes en charge de mon éducation (parents et enseignants). Je les trouvais dans les boutiques de gares, et je les lisais pendant les voyages, pour faire passer le temps, et rêver.

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René Giffey a signé de nombreux albums, dont certains ont été ré-édités, adaptations de livres d’aventures tels que Les trois mousquetaires, Les compagnons de Jehu, Le Chevalier de Roncevaux, L’Aigle des Mers, Quatre-vingt-treize, Le Corsaire de la Mort, Jean Bart, Les Misérables. D’une certaine manière, c’était un touche-à-tout, il dessinait sans arrêt, à tel point que sa production est véritablement prolifique. J’ai aussi découvert qu’il avait commencé sa carrière à la Belle époque, en créant des spectacles de théâtre d’ombres dans des cabarets à Montmartre, ce qui n’est pas pour me déplaire…

Une réponse sur « Les sondeurs d’abîmes »

On voit que Moebius a du lire et relire ces BD, le Major doit sans doute pas mal à ce personnage que l’on voit sur la première illustration.

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