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Tassili n’Ajjer

Le Team Building était un sport très en vogue à la fin du siècle dernier. Cela consistait à réunir un certain nombre de personnes d’une même société, et les emmener dans des lieux improbables, pour d’autres activités que le travail quotidien, ceci afin de nouer des relations censées renforcer durablement les liens entre les membres de cette équipe. Ça, c’est la théorie. En pratique, c’était une sorte de congé obligatoire, payé par l’entreprise, qui permettait de dépenser allègrement une partie de l’argent fièrement gagné par le dur labeur des employés. En période de vaches maigres, on oublie.tassili

J’ai eu ainsi le plaisir de participer à l’une de ces « constructions », lors d’un remaniement complet du groupe Marketing d’Apple France, au cours de l’année 1988. Le groupe Marketing représentait, dans ces temps révolus, une vingtaine de personnes. Le groupe Produits, la Localisation, le marketing Marchés, et le groupe Développeurs. Nous sommes donc partis par un beau matin des Ulis, l’ancien siège d’Apple France, pour l’aéroport d’Orly, avion direct jusqu’à Djanet, en Algérie. Dès notre arrivée, passage dans une boutique avec notre guide, et achat de cinq mètres de coton blanc pour nous faire des chèches. On était en mai, le soleil commençait à taper dur.djanetgroupe

Nous partions pour quatre jours d’exploration dans le désert, raid en 4×4 dans les vallées, paysages de plateaux rocheux, de canyons. Montée à pied sur le plateau, découverte des peintures et gravures rupestres, bivouac dans les dunes, exploration des gorges et des ravins, baignade incroyable dans une grotte où un lac d’eau claire et pure nous rafraîchissait après la marche en plein cagnard. J’avais emporté de quoi dessiner, comme d’habitude, et j’ai pu ainsi faire quelques croquis.
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Dans le groupe, je crois me souvenir que peu de personnes s’intéressaient aux gravures et dessins, qui étaient pourtant une des particularités de cet endroit, véritable musée en plein air. J’ai essayé d’en reproduire quelques uns, vestiges d’époques lointaines où les hommes pratiquaient l’élevage, dans cet endroit qui est devenu un désert. J’avais également pris un appareil photo, pour garder quelques traces de ces images.

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Le désert est une expérience particulière. L’absence de végétation, la chaleur, l’eau qui prend tout à coup un nouveau sens, passant de produit de consommation banalisé et courant, devenant dans ces conditions extrêmes un aliment d’une importance vitale. Je me rappelle aussi le procédé utilisé par les Touaregs qui nous accompagnaient, accrochant les outres en peaux de chèvres après les avoir remplies et trempées dans les sources, aux côtés des 4×4 Toyota, afin de les rafraîchir pendant la route, par simple évaporation. J’avais moi-même utilisé à ma façon ce système, en entourant ma gourde en métal d’une enveloppe fabriquée avec une serviette éponge, mouillée également, et suspendue à l’extérieur du véhicule. Je retrouvais à la pause suivante de l’eau fraîche, alors que tous les autres buvaient l’eau tiède de leur gourde en plastique.

essendileneLors d’un dernier bivouac, dans l’esprit « Team Building », on nous avait séparés en sous-groupes, et demandé à chacun de préparer une présentation, sur un thème que j’ai complètement oublié. J’avais proposé à mon petit groupe, d’utiliser quelques tissus et bâtons, et de fabriquer des marionnettes à fils, censées représenter des djinns, esprits du désert comme chacun sait. Nous avions ainsi créé une petite histoire, avec une conteuse, et nos marionnettes. Je me rappelle  qu’un de mes collègues, le lendemain, m’avait dit qu’il en avait rêvé pendant la nuit…

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