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Le Figurentheater Triangel

Quand j’ai commencé à travailler avec Catherine à l’Atelier de l’Horloge, situé rue Claude Bernard à Paris, entre 1975 et 1982, nous proposions des activités pour les enfants, et les marionnettes en faisaient partie. Gaines, marottes, ombres, marionnettes à fil, nous avons exploré ces techniques classiques, avec les enfants. Nous étions également attirés par les compagnies s’adressant à un large public, pas seulement aux enfants. Nous allions régulièrement voir des représentations dans des festivals comme celui de Charleville-Mézières. En retournant cette année à Charleville, où nous avons eu le plaisir de voir plusieurs spectacles, cela m’a rappelé le Figurentheater Triangel de Henk Boerwinkel, hollandais génial, que nous avions découvert trente ans auparavant.

 

Il est difficile de parler de spectacles que l’on ne peut plus voir, soit parce que les mots n’en donneront qu’une faible idée, et que de toute manière l’impression fugace du moment est altérée par la mémoire, soit encore parce que si on réussit à traduire et transmettre la force et la beauté de ce qu’on a vu, la frustration de ne pouvoir assister à ce spectacle gâche la lecture du compte-rendu. Le résultat pourrait être « comment parler des spectacles que l’on n’a pas vus », variante des livres de Pierre Bayard.

Le souvenir le plus marquant de ce « théâtre de figures » reste pour moi la pièce où la marionnette se rend compte qu’elle est manipulée, et tire à elle le manipulateur. Une variante de cette saynète était faite par une marionnette à fil puis à gaine, la marionnettiste d’en bas prenant le pas sur le marionnettiste d’en haut et l’attirant de force sur le castelet. C’était une façon de bouleverser les rôles, et d’inventer de nouvelles formes de manipulation.

Figuren

Esthétiquement, les marionnettes étaient magnifiques. Des histoires souvent sombres, décalées, un humour toujours présent,  une poésie et une philosophie de la vie, voilà l’image que j’ai gardé de ces spectacles. Ce qui m’avait plu aussi, c’était le côté international : pas de texte, juste de petites scènes mises les unes à la suite des autres, sans lien apparent, mais chacune un petit joyau.

Henk Boerwinkel, maintenant à la retraite, reste considéré comme un grand marionnettiste aux Pays-Bas. Avant de se retirer, il a contribué à créer un autre théâtre qui garde son inspiration, le ‘t Magisch Theatertje, à Maastricht. Si vous les voyez prochainement dans une programmation, n’hésitez pas…

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